Exposition Espace Jean de Joigny Un dessin, mille couleurs. Mille dessins, un dessein

Cartographie du territoire #3, " Panser la ville "

A l’occasion de la résidence de recherche et de création autour de la “Cartographie du territoire”, la ville de Joigny reçoit l’artiste plasticienne Anna L’Hospital.
Elle se plonge dans l’histoire de la ville et relève la trace des époques présentes dans ses édifices historiques.
Elle porte une attention sensible aux cicatrices de la ville que sont ses fenêtres condamnées, ses meurtrières, autant de traces du passage du temps et de ces éléments aujourd’hui oubliés. Pour la première fois, Anna L'Hospital allie ce travail d’empreinte par frottages à la technique du
transfert photographique qui lui permet de retranscrire la ville et les différentes temporalités
qui la traversent.
L’exposition de restitution de ce travail réalisé pendant 6 semaines de résidence est à découvrir à l’Espace Jean de Joigny du samedi 9 novembre au dimanche 22 décembre.
Le vernissage aura lieu le vendredi 8 novembre à 18h30.

Visites commentées de l'exposition

Chaque samedi jusqu’au 7 novembre, l’Espace Jean de Joigny vous propose une visite commenté de l’exposition d’Olivier Nerry.

Sur inscription au 03 86 91 49 61 :
samedi 26 septembre
samedi 3 octobre
samedi 10 octobre
samedi 17 octobre
samedi 24 octobre
samedi 31 octobre
samedi 7 novembre – 15h

Now I wanna be : an artist (and / or) a painter (and / or) a poet

Texte de Guillaume Mansart sur le travail et l’œuvre d’Olivier Nerry

« A peine une esquisse, quelques traits tirés qui s’unissent ou s’ignorent, quelques formes colorées qui s’emboîtent, se confrontent, se mélangent. Le trait, la forme, la couleur, la densité. Un geste qui frise l’essentiel et écrit la peinture comme on compose un poème, avec une fausse légèreté. Il y a cette simplicité apparente dans la peinture d’Olivier Nerry, une sorte d’évidence formelle qui touche à notre quotidien, à ces formes qu’on côtoie à chaque instant, ces couleurs qui teintent nos intérieurs, nos extérieurs, nos constructions, nos cieux… Ces images que l’artiste retient jusqu’à les livrer brutes, distendues, altérées par la vie, les humeurs, les sentiments… Fausse simplicité. « Se retrouver dans un état d’extrême secousse, éclaircie d’irréalité, avec dans un coin de soi-même des morceaux du monde réel », écrit Antonin Artaud à propos de la création. Les œuvres d’Olivier Nerry sont des éléments du monde qu’il a subtilisé, incorporé, filtré et qu’il restitue transformé par son œil, par l’instant. Alors il va de soi que cette peinture est personnelle, qu’elle parle de son auteur comme elle parle de composition, qu’elle nous dit un regard, une attitude, une sensibilité. Pas de reproduction d’images, de modèles éculés, la peinture est intime, elle est avant tout affaire de tête-à-tête. Et d’abord ce que l’on ressent face à ces œuvres c’est ce rapport du peintre à sa toile, son papier, on sait cette relation, on sait ce plaisir, ces risques, ces problèmes, ces satisfactions… L’œuvre respire son auteur. Elle nous dit quelques fois que le combat a eu lieu, plus souvent que l’étreinte fut jouissive. « Je ne me rappelle plus de mes débuts mais ce dont je suis sûr ; c’était de la jouissance de peindre : étaler de la peinture, faire des jus, passer et repasser la brosse », écrit l’artiste. Les surfaces colorées sont les indices de ces plaisirs, elles ont l’évidence des empreintes laissées par un gangster sans gants. Comme les preuves irréfutables qu’il s’est passé quelque chose.
Mais malgré cet enthousiasmant premier contact, le fait qu’Olivier Nerry prenne du plaisir à peindre ne suffit pas à faire de son travail une œuvre remarquable. Ce qu’il nous propose ce n’est pas de s’extasier bouche bée devant ce qui pourrait être les restes d’une nuit d’amour picturale. Non, les œuvres qu’il réalise ne sont pas seulement des traces se sont aussi des exigences. Elles attendent que chacun se construise son commentaire pour pouvoir s’insinuer dans le vocabulaire plastique utilisé, un univers. Et l’intuition devient le moteur de cette immersion.

Au premier plan de cette œuvre, il y a la couleur (y compris dans la série des dessins blancs), sa texture, sa lumière, sa transparence, son opacité. Elle s’affirme comme l’élément fondateur de l’œuvre. Elle semble déterminer la composition. Olivier Nerry est un coloriste qui pense en termes de rapports lumineux et ses œuvres disent cet insatiable plaisir (une quête) que la gamme chromatique appelle inexorablement. Il en est des couleurs comme des mots. Elles articulent des sentiments, des rythmes, des idées. La couleur distribue les cartes de l’espace pictural.
L’œuvre évolue la plupart du temps dans un langage formel abstrait, ou plutôt elle cherche son équilibre sur le fil qui sépare la forme figurative et son informe pendant. Comme une limite qui devient parlante, un signe qui perd sa fonction pour toucher plus directement au ressentir. Car évidemment dans la peinture d’Olivier Nerry il est avant tout question d’un rapport sensible, sensitif : « Je serais bien en peine de dire où est le tableau que je regarde. Car je ne le regarde pas comme on regarde une chose, je ne le fixe pas en son lieu, mon regard erre en lui comme dans les nimbes de l’Etre, je vois selon ou avec lui plutôt que je ne le vois. », écrit Merleau Ponty. Et cette peinture nous dit clairement ce vacillement du regard. Les œuvres n’invitent pas à voir mais à voir selon ou avec. Elles sont immanquablement des propositions de regards sur le monde, à prendre ou à laisser pourrait dire l’artiste avec la franchise qui le caractérise.
«